jeudi 31 décembre 2009

2010 avec panache !

Au hasard de mes explorations, j’ai trouvé ces photos de la top model éthiopienne Liya Kebede (cliquez dessus pour les voir en plus grand). Tout à fait ce que je voulais pour communiquer l’état d’esprit dans lequel je me-nous-vous souhaite de traverser la nouvelle année.

Crinière indomptable… Défendez vos idées,
Vêtements et bijoux stylés… Beauté et dignité,
Rollers aux pieds… Foncez !

Oui ! Que ça “roule” pour vous, pour nous, en 2010, en beauté et avec allure, c’est tout le mal
que je vous souhaite !
Très très très très BONNE ANNÉE !

lundi 28 décembre 2009

Total… mandingue

Il paraît que j’aurais dû en dire un peu plus dans le post précédent sur Cheick Tidiane Seck. Que dire ? Un super musicien, poly-instrumentiste, habité par les influences les plus diverses, des musiques du Mali au jazz en passant par le piano classique… et en plus, ce qui ne gâche rien, délicieusement modeste. Dans la video suivante, vous allez l’entendre raconter sa vie et s’exprimer avec idéalisme. Mais après tout, le réalisme, c’est de demander l’impossible, non ?



vendredi 25 décembre 2009

« Oh Lord ! », c’est Noël

Après un froid mordant suivi d’une pluie pénétrante hier soir, le ciel de Paris s’est éclairci aujourd’hui pour Noël : bleu et soleil sans nuages. Le jour où jamais pour adresser des prières aux dieux : elles ont toutes leurs chances de s’élever au plus haut et de les atteindre.

Comme je prie rarement (oui, je l’avoue publiquement), je dois me méfier car je n’ai pas trop le sens de la forme. Mes prières prennent parfois l’allure de reproches dans le genre : « Hé vous là-haut, je ne sais combien vous êtes puisque vous portez des noms différents selon les religions – vous noterez l’utilisation du vous à la fois de politesse et pluriel, on ne sait jamais –,  Hé vous là-haut, bonjour ! Je vous sais très occupé(s), mais j’aimerais néanmoins avoir une minute de votre attention car je ne vous dérange pas souvent »…Et là, je cite tous ceux et celles qui me sont proches et sont plongés dans la tristesse. Je cite aussi ceux et celles que je ne connais pas personnellement, mais qui subissent des injustices, vivent des situations difficiles…
Aujourd’hui, je pense aux femmes de Guinée qui sont allées manifester pacifiquement au grand stade de Conakry, le 29 septembre dernier, et qui ont subi de telles atrocités de la part des forces de l’ordre que dans le rapport d’enquête de l’ONU,  où chaque mot a son poids, on use de l’expression “crime contre l’humanité”…

Ce matin, c’est au génial musicien malien Cheick Tidiane Seck que je joindrai ma voix. Sa prière est si belle, si pleine d’énergie qu’elle va vous donner, comme à moi, l’impression de comprendre le bambara quand vous l’entendrez.
Joyeux Noël !
http://www.myspace.com/cheicktidianeseck  (il faut aller à droite dans la colonne “music” qui s’affiche et cliquer sur la chanson Oh Lord. Par ailleurs, le reste du disque est superbe. Parlez-en au Père Noël, il n’est peut-être pas encore retourné se coucher…).

mercredi 23 décembre 2009

Carnet de bal

J’ai passé un moment aujourd’hui dans l’un des temples parisiens du luxe : Le Bon Marché. Un grand magasin où rien n’est bon marché justement, où l’on peut sentir, dans chaque allée, à chaque “corner”, le raffinement, le sens du détail, l’élégance, le glamour et… également un certain snobisme. Ne me demandez pas ce que je faisais là. Sans doute l’envie de me sentir snob à mon tour, pour quelques minutes et de me faire croire que tout était à portée de porte-feuille et de carte bleue… ha ! ha ! Toujours est-il que c’est bien le dernier endroit où j’aurais pensé trouver un petit signe d’Afrique.
Au Bon Marché ? Aucune chance !
Et pourtant,
regardez ça !

Au rez-de-chaussée du magasin, une marque dont j’ignorais tout jusqu’alors propose ceci : un parfum pour homme ! Un parfum au nom si évocateur que j’en ai dégainé mon appareil photo.
Franchement, “Bal d’Afrique”, au milieu des pères Noël, des crèches, des faux sapins enneigés, des boules et des guirlandes c’était encore un petit signe pour moi non? Rien que pour moi? Et pour vous, les millions de lecteurs de ce blog (e)xtra(ordinairement)afro-engagé (:-) ?

Petit sourire pour terminer : après une brève enquête, j’ai découvert que la marque Byredo Parfums est sise dans le très nordique royaume de Suède, à Stockholm... Quelle est l’expression déjà? Ah oui! Souffler le chaud et le froid...

lundi 21 décembre 2009

Plaisir d’offrir… Joie de recevoir…

Il était une fois Tétou Gologo. Dans une première vie, elle fut cadre dans une entreprise. Survint un chagrin d’amour. Histoire de tourner totalement la page, Tétou démissionna. Puis, pour recoller les mille morceaux épars de son cœur, elle se mit à assembler des perles, des pierres, des liens… et devint créatrice de bijoux.

Messieurs, si vous ne savez comment gâter vos belles pour Noël, rassurez-vous, il n’est pas trop tard. Il y a au Mali une jeune femme dont les créations mettront à coup sûr vos bien aimées en transe. On trouve sa marque, Tamacali, à Bamako, mais également en France à Lille, à Paris (et encore ailleurs, si affinités: il suffit de se renseigner). Sachez que Tétou travaille avec la complicité d’artisans dogons et que toute sa démarche consiste aussi à faire connaître les talents de cette population parfois dédaignée de son pays. Une démarche extra, comme je les aime.

Plaisir d’offrir, joie de recevoir… et pour le plaisir des yeux et les renseignements, c’est par ici : http://www.tamacali.com/

(Eh les filles ! Ne soyez pas trop jalouses : je possède, oui, oui, j’ai la chance d’avoir bien à moi, un collier Tamacali. Et il me va très bien, merci).


samedi 19 décembre 2009

Une bonne résolution pour 2010



Bien qu’il fasse un froid à ne pas mettre un Vélib’ dehors en ce moment, à Paris, je suggère à ceux et celles qui le peuvent d’aller demain, dimanche 20 décembre, à la rencontre de personnes passionnées : les membres de l’association Lézards noirs. Autour de Vincent Hickman, jeune ethnologue français, se sont regroupés des dingos, comme lui, de l’instrument de musique africain que l’on appelle, selon les endroits, sanza, mbira, likembé, kalimba. Le fameux “petit piano à pouces” de facture simple et géniale, que l’on retrouve dans de nombreux pays d’Afrique, mais aussi aujourd’hui sur les scènes de la “world music”, entre les mains de musiciens ougandais, ivoiriens, français, japonais…
Chez les Lézards, tout tourne autour de la sanza. Cours, stages, expositions, spectacles. Ils ont même réussi à faire venir du Zimbabwe  fin 2007, une musicienne exceptionnelle, Nyathi, qui a enchanté le musée du Quai Branly et… le studio de l’émission de radio que j’animais.
Si le stage de mbira du Zimbabwe vous tente, allez vite voir à l’adresse suivante : http://www.lezardsnoirs.org ou inscrivez vous à la lettre d’infos pour des apprentissages à venir. (Devenir magicien(ne) de la sanza en 2010, c’est une bonne résolution, non?)
Si vous préférez rester au chaud et écouter les bons moments que nous avait offerts Nyathi, dites-le moi et je vous les enverrai par email (oui, oui, je ne sais pas encore comment faire la manip' pour les mettre ici!!!).

 On entend parler du Zimbabwe plutôt en mal ces derniers temps. Mais pour moi, les notes de la mbira de Nyathi sont une belle et émouvante façon d’entendre le Zimbabwe nous parler.


  

mercredi 16 décembre 2009

Chantal Loïal : la danse, pas la frime


Visage enfantin, sourire généreux, physique hors du commun… Chantal Loïal est danseuse, chorégraphe et ça marche pour elle, merci. Mais si ça pouvait se savoir encore plus, ce ne serait pas plus mal. Car la Loïal  a un défaut : bien qu’elle soit régulièrement sollicitée pour participer à des créations contemporaines ‘pointues’ (avec les Français Montalvo-Hervieu ou le Belge Koen Augustijnen par exemple), elle n’a de cesse d’animer sa propre compagnie, Difé Kako, dont la gestuelle doit plus à l’Afrique et à la Guadeloupe qu’au répertoire de la danse moderne occidentale.
Et c’est justement ce que j’aime chez elle : cette liberté qu’elle se donne de faire ce qu’elle veut, de chercher autre chose, avec opiniâtreté, de faire coexister tous ses mondes intérieurs et de chercher à toucher un public populaire grâce à des spectacles, mais aussi des animations, des bals-concerts… quitte à déplaire aux critiques dédaigneux.
Un rendez-vous télévisuel s’offre à nous tout bientôt pour en savoir plus sur la démarche de Chantal Loïal : vendredi 18 décembre, 20h35, sur France Ô, un film tourné l’été dernier à Avignon devrait vous donner envie de découvrir son travail “en live”. On parie ?

Pour en savoir plus, suivez ce lien : http://www.axesud.eu/spip.php?


ou allez regarder le site de la compagnie  à l’adresse suivante : http://www.difekako.com/0ceki/ceki_chantal.htm

lundi 14 décembre 2009

Qui sera mon Bororo ?



Depuis quelques semaines, les magazines féminins mettent la pression: « Les fêtes approchent. Cette année, on rêve d’un teint éclatant et d’une allure simplement chic. Pour jouer le jeu, ces trois maquillages captent la lumière divinement. À décliner selon son humeur », pouvait-on lire hier dans le supplément Version Femina du Journal du Dimanche. Apparemment, les féminins ne tiennent pas compte du fait qu’il existe aussi, désormais, du maquillage pour hommes... Jean-Paul Gaultier a lancé ça il y a déjà quelque temps... Alors bien sûr, quand c’est Gaultier qui innove, on parle d’avant-garde, mais avant lui... les Peuls woodabés (ou bororos) avaient pris de l’avance. Consacrer du temps à se parer, se maquiller, se préoccuper de beauté, en faire une valeur et rivaliser, lors de la fête du Guerewol pour être choisi par une femme, ça c’est quelque chose, non ?
Malheureusement, je ne suis pas certaine qu’aucun de mes amis ose jamais devenir un “homme chamarré” comme dirait Marie-Laure de Decker...  Je me contente donc de visiter le site de cette excellente photographe de temps en temps. Et d’espérer.

www.marielaurededecker.com/themes.html

dimanche 13 décembre 2009

Bako Dagnon, un secret très mal gardé !

Le ciel a tenté la neige, durant quelques minutes ce matin à Paris. Finalement il s’en est tenu à une pluie fine et glacée, histoire de dire que l’hiver est bien là et qu’il faut désormais réapprendre sérieusement à  se couvrir et se protéger.
Pour apprivoiser le froid, qu’il soit dehors ou dans ma tête, j’ai ma méthode : 1°) ne pas sortir; 2°) écouter de la musique.

Le mieux est de la choisir tranquille et enveloppante, portée par une voix généreuse et qui vient de loin, comme celle de Bako Dagnon. J’adore que l’on dise de cette grande cantatrice qu’elle est l’un des secrets les mieux gardés du Mali. Ça me rappelle ce jour où, à Rome, toutes les manchettes des journaux titraient « Le pape est rentré en grand secret cette nuit ! » Des secrets comme Bako Dagnon, je suis ravie qu’ils soient mal gardés !
Son nouveau disque, Sidiba  (chez Discograph) est dans les bacs depuis la fin novembre. Achetez-le ! Trahissez ce secret ! Et pour aujourd’hui, enveloppez-vous dans le titre suivant, extrait du CD précédent et que je trouve si parfait pour un dimanche frileux.


(attention ! Ne regardez pas trop le clip, trop naïf, trop plein de clichés!)



samedi 12 décembre 2009

Katoucha-Ramata




Elle était belle Katoucha, la top model aux yeux de félin... Impossible de ne pas repenser à sa fin si tragique lorsque j’ai vu, hier soir, son visage grave, dans le film de Léandre-Alain Baker Ramata (d’après le roman éponyme d’Abasse Ndionne)... Je ne savais plus trop si j’étais émue de revoir ce visage parce que je savais la personne disparue ou si j’étais saisie par l’émotion qui se dégage du film.
Ramata (ainsi qu’une douzaine d’autres films) est programmé dans le cadre de “Étoiles d’Afrique”, festival du film africain francophone en Île-de-France qui a débuté le 10 décembre et se terminera déjà le 13. Saisissez vite l’occasion, si vous êtes dans le coin, de découvrir quelques personnages féminins “extra”.
Suivez ce lien pour en savoir plus sur la programmation :  http://etoilesdafrique.blogspot.com/
Et bonnes projections !

mercredi 9 décembre 2009

Le pagne selon Shonibare


Yinka Shonibare, ça vous dit quelque chose ? Son nom sonne nigérian. Ses locks évoquent la Jamaïque. C’est un plasticien britannique à l’esprit libre, qui a renforcé plus que jamais cette liberté alors qu’il étudiait l’art, à Londres, et qu’un professeur lui demanda pourquoi il voulait travailler sur la Perestroïka au lieu de faire de l’art “authentiquement africain”. Il dit qu’il a trouvé à ce moment précis sa raison d’être artistique : « J’ai compris que ce sur quoi je devrais vraiment travailler serait la dé-construction des stéréotypes ». Découvrant par la suite, à sa grande surprise, que le pagne, ce tissu censé connoter l’Afrique est en fait créé et fabriqué en Hollande avant d’être exporté, Yinka Shonibare décide de faire de ce tissu un fer de lance de son travail. Regardez comment il le fait porter à ces personnages de l’époque victorienne...
Yinka Shonibare est né en 1962. Il est considéré comme un artiste britannique majeur. J’aurais aimé pouvoir aller voir l’expo qui lui a été consacrée cette année au Smithsonian de Washington... entre autres. J’avais vu quelques œuvres il y a trois ans au musée du Quai Branly. C’est différent. Et un peu dingue. Ne ratez pas son travail qui est bien plus varié encore que ce que j’en raconte ici. Quand je vous dis que les hommes ont leur propre façon de porter le pagne !





mardi 8 décembre 2009

Yes we pagne

Parmi les nombreux petits clins d’oeil de l’Afrique à Paris, il y en avait un, pour moi, régulier ces dernières semaines : un pagne coloré déroulé comme une tenture sur le mur d’une boutique d’objets design branchés du boulevard Raspail. En passant en bus, j’avais tout juste le temps d’apercevoir ce grand lé de tissu imprimé, agrémenté d’un visage au sourire vaguement familier.

J’ai fini par descendre de mon bus pour en avoir le cœur net et j’ai découvert que le gars qui me lançait ce sourire chaleureux n’était autre que lui, le chef d’État le plus connu du monde... récupéré par les femmes africaines, qui doivent le ceindre autour de leurs reins ou s’en couvrir la tête. Obama, tu es vraiment africain, toi aussi !

samedi 5 décembre 2009

Otobong Nkanga, artiste plasticienne



Elle ressemble à ceci...                                                                                   oui... cette photo est… disons… une image assez juste de la jeune femme que j’ai rencontrée, il y a un an, à Las Palmas. Elle était venue exposer son travail à la Casa Africa. Il s’est passé cette chose qui arrive parfois, vous savez bien : on regarde une personne et on est persuadé que l’on a dû se rencontrer déjà, se connaître peut-être dans l’une de nos vies antérieures. On se reconnaît.
J’ai reconnu aussi son travail et je l'ai apprécié. Un travail pourtant pas facile a priori. Un travail exigeant, qui demande que l’on sorte un peu de soi-même pour comprendre pourquoi on est touché...
Quelques mois plus tard, Otobong m’a appelée pour me demander de lui écrire un texte pour un livre.
Vous trouverez le texte ci-dessous, mais surtout, allez voir son travail, si elle (s’)expose là où vous êtes. Sinon, prenez au moins la direction de son site (www.otobongnkanga.com) et vous m’en direz des nouvelles...

« Entrons dans le monde d’Otobong
Un visage aux lignes pures, une auréole de cheveux courts, et ce sourire comme une botte secrète : assurément, Otobong Nkanga a du charme. Son sens du contact et sa générosité évidente se propagent comme autant d’invitations à faire sa connaissance. On pressent chez elle le goût pour l’échange et le partage, l’habitude du cosmopolitisme… Je viens du Sud, je vis au Nord, je peux vivre partout où les hommes vivent… Pourtant, lorsque l’artiste en elle se met au travail, son sourire s’efface, son regard, droit, se concentre et Otobong se tourne vers l’intérieur d’elle-même, vers les souvenirs de son enfance blessée. 


En 1978, elle a vu la maison familiale se consumer sous les flammes. Accident tragique et terrifiant pour la petite fille de quatre ans qu’elle était, qui ôte alors la vue à son ours en peluche en lui arrachant les yeux. Le frère cadet d’Otobong, un moment piégé par le feu, sera heureusement sauvé grâce à l’intervention héroïque de voisins anonymes. Une nouvelle vie commence après le paradis d’enfance. La famille est obligée de déménager, de se faire à la vie en appartement dans un immeuble où la cohabitation est synonyme de mésententes, de disputes, de nuisances sonores… Il faut dire adieu au petit paradis sur pilotis d’où l’on pouvait dominer l’espace et observer à loisir le balancement tranquille des palmiers. Black out. Le monde s’assombrit. Quatre ans plus tard, quand le père d’Otobong disparaît, emporté par une maladie, la fillette bascule dans une nouvelle appréhension des choses : la violence est devenue une menace, présente même quand on ne la pressent ou ne la voit pas.


Aujourd’hui, devenue plasticienne, Otobong Nkanga observe la forme de ses cicatrices intimes et les suit comme on suit du doigt une trace, le long d’un mur, jusqu’à la tache, beaucoup plus large, à laquelle elle conduit. Tel est l’itinéraire de son inspiration : de l’autobiographique au social, de la blessure personnelle à la violence du monde. Et c’est ainsi que, dans ses dessins et ses tableaux, le tourbillon de la vie se met à charrier des arbres sans branches, des êtres sans têtes, du pétrole en flammes, des travailleurs aux mille bras, soumis quoi qu’ils fassent, à l’exigence prégnante des machines, des sauveteurs  que l’on aimerait remercier, mais dont on ignore le nom et oublie le visage… car la mémoire aussi, par ses irrégularités, provoque des meurtrissures.


Pourtant, si vous souhaitez en savoir plus sur Otobong, un bon conseil : n’entamez pas la conversation avec elle en lui demandant d’où elle vient. Ne cherchez pas à établir avant toute chose le lien entre son travail et ses origines : ce serait une maladresse, une vision trop réductrice car ce qui intéresse cette artiste est bien plus encore sa destination que son itinéraire. Où allons-nous, nous, les hommes et les femmes de cette Terre ? Prenez votre temps. Laissez-la parler. Elle évoquera d’elle-même son Nigeria natal et sa complexité, la ville de Kano puis l’université Obafémi Awolono d’Ifé où elle a démarré ses études… scientifiques. Elle vous dira ensuite comment son talent pictural fut remarqué par une femme, professeur d’arts plastiques, figure-clé d’une trajectoire non programmée qui amènera par la suite Otobong sur les bancs de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-arts à Paris, puis de l’Académie royale des Arts d’Amsterdam. Nigeria, France, Pays-Bas, Belgique où elle s’est récemment installée : Otobong se veut ouverte au monde. Pas à pas, elle ouvre les yeux sur ce qui nous entoure et explore en peignant, dessinant, sculptant, photographiant, et encore en “performant” des installations de mille et une manières pour rendre compte de la façon dont retentit en elle notre monde en perpétuel changement.


On éprouve une sensation très particulière en découvrant le travail de Otobong Nkanga : l’impression d’être au seuil d’un mystérieux univers. Il faut se laisser faire, accepter de pénétrer dans un monde surréel et onirique pour l’entendre petit à petit résonner en soi. La tâche est attirante, mais néanmoins difficile car les images, froides, semblent recouvertes d’un filtre, comme une paroi de verre, transparente et solide, comme si l’artiste, nous plaçant à distance, voulait montrer la violence tout en nous en protégeant. N’espérez donc pas être pris par la main et comprendre les choses au premier coup d’œil : le monde d’Otobong ne se livre pas facilement. Si chez elle, les nuages de l’inquiétude deviennent des bulles d’un noir intense, de nombreuses autres images conservent leur sens secret. Il vous faudra faire seul le trajet imaginaire entre ce que suggèrent les titres des œuvres et ce qu’elles offrent à voir. Partout, dans chaque image, sourd la complainte d’un système dur, froid et fort qui agresse les humains autant qu’ils l’agressent à leur tour.


Chaque dessin d’Otobong Nkanga est aussi une alerte. Que deviennent les hommes lorsque, esclaves du travail, ils doivent multiplier leurs bras et leurs têtes pour répondre à la demande d’une production sans fin ? Que deviennent les forêts et les arbres lorsque des mains les percent, les découpent et les détaillent ? Que devient l’eau lorsque nous polluons ou anéantissons nos réservoirs naturels ? Faire individuellement le travail de cinq personnes, se retrouver seul dans un paysage désolé, mettre à mort notre propre vie et notre propre Terre parce qu’on y est poussé par un acharnement cyclique et insensé… voilà ce qui guette l’humanité et voilà sans doute ce que Otobong souhaite nous faire entendre. Ses dessins poussent des cris. Oubliée l’Afrique des voyages, des safaris touristiques ou des documentaires animaliers : notre Terre-mère traverse un moment critique et l’artiste met l’accent sur l’urgence qu’il y a désormais, à mettre en parallèle le sort de l’Afrique et le devenir du monde entier. Faire l’économie du spectacle d’un continent disloqué est impossible : le désastre est imminent et la paroi de verre retenant l’explosion ne tardera pas à voler en éclats. Restons vigilants et attentifs au regard sans concession d’Otobong Nkanga. Entrons dans son monde : cette artiste, femme-miracle audacieuse et engagée, sollicite ardemment notre attention ».





mercredi 2 décembre 2009

Tsegue Maryam Guebrou, pianiste éthiopienne

Une pianiste éthiopienne qui a enregistré des disques dans les années 60, ça vous dit quelque chose ? Si oui, bravo ! Moi, je ne connaissais pas, mais je me réjouis de combler cette ignorance.
En 1963, Tsegue Maryam Guebrou avait 40 ans. Elle était issue de la haute société d’Addis-Abeba...  La suite de l’histoire est à reconstituer via internet, si vous le souhaitez. Mais vous pouvez aussi laisser votre imagination inventer les choses.
Ecoutez le morceau ci-joint, une composition personnelle, “The homeless wonderer”, une petite merveille qui ne ressemble à rien d’autre pour moi. Et dieu sait que je suis fan de piano solo ! Elle a le genre de phrasé qui vous enveloppe les jours où il fait trop gris et trop froid pour faire autre chose que de se draper dans une couverture avec un thé à portée de main. Bien aussi quand le soleil tape si dur que l’on se sent anesthésié. Bref. À écouter sous toutes les latitudes.

http://www.youtube.com/watch?v=u4V-h1A-ICE

mardi 1 décembre 2009

1er décembre : Journée mondiale de lutte contre le Sida

1er décembre : Journée mondiale de lutte contre le Sida... On en parle un peu peu, me semble-t-il, dans les médias... et comme toujours, on évoque assez peu les progrès de l'Afrique dans ce domaine.

Je suggère un moyen simple et facile pour engager la conversation sur ce sujet : les films de “Scénarios d’Afrique”, une ONG que je connais bien (comment ça, je suis impliquée dedans ?)...
Plus que jamais, l’information, la sensibilisation, la communication sont des mots-clé pour lutter contre la pandémie du VIH car malgré les recherches menées en Thaïlande pour un éventuellement-possible-virus-là-bas-à l’horizon... du 3ème millénaire, rien n'est encore gagné. Pour se protéger, avoir des comportements positifs, il faut, avant tout, être in-for-mé. C’est vraiment le premier acte à poser pour faire reculer la maladie qui est loin d'être une question purement et uniquement médicale...

Allez ! Testez ce lien ! L’un de mes films préférés de la série (signé Fanta Regina Nacro).



Et aussi celui-ci, qui est l'un des premiers réalisés, que je trouve drôle et qui est signé Idrissa Ouedraogo.