Il y a environ deux ans, j’avais reçu dans Reines d’Afrique, sur RFI, des représentants de Human Rights Watch venus rendre compte de la situation dramatique de nombreuses femmes dans l’est de la République démocratique du Congo. Le viol est pratiqué là-bas comme une terrible arme de guerre au point que l’on parle de “féminicide”.
On a beau rendre compte de la situation, on demeure le cœur serré à se demander ce que l’on peut faire de plus pour aider ces femmes.
Et voilà qu’une jeune comédienne, Ornella Mamba, m’a écrit il y a à peine trois jours pour me dire qu’elle allait jouer la pièce-monologue de l’Ivoirien Koffi Kwahulé – l’un de “nos” grands dramaturges – qui évoque précisément ce drame.
La pièce s’intitule Jaz et sera jouée vendredi 8 et samedi 9 janvier à la Halle de la Gombe à Kinshasa dans une mise en scène de Monica Espina, Argentine, émue comme moi, comme nous toutes, par cette tragédie.
Je salue ici la détermination de ces deux femmes unies autour de ce texte fort et émouvant. Monter cette pièce a été, en soi, un combat. Et faute de pouvoir aller voir le spectacle lui-même, je voudrais retenir ce slogan imaginé par des victimes: « LES VRAIS HOMMES NE VIOLENT PAS».
« J’habite à Mont-Ngafula, quartier excentré de Kinshasa où j’ai eu l’idée saugrenue de vouloir faire du théâtre. En effet, qui veut faire du théâtre dans un pays où la population est essentiellement préoccupée par sa survie ? Affrontant conflits armés, misère et épidémies.
Ma détermination m’a cependant permis de devenir comédienne et ainsi de participer à de nombreuses expériences théâtrales en RDC, également en France et dans l’océan Indien. Cela ne m’a pas satisfait car j’ai toujours voulu pouvoir mieux maitriser les projets pour lesquels je m’engageais, artistiquement et financièrement. J’ai donc été amenée à créer ma propre compagnie en 2006. Lors d’une tournée, je tombe, par hasard, sur « Jaz », texte de Koffi Kwahulé, aux pires moments de la guerre du Kivu. Ce texte me bouleverse car il fait écho à ce qui se passe dans les provinces de l’est du Congo où les femmes sont durement touchées par ce conflit qui s’enlise dans l’indifférence générale de la communauté internationale (...) » Ornella Mamba