C'est un petit morceau de bravoure. Un essai littéraire dont on se dit d'avance qu'il faut prendre son temps et rassembler tous ses neurones pour le comprendre, car il sera forcément écrit en "gros français" et on risque de s'y perdre. Et puis on plonge. Parce que Boniface Mongo-Mboussa, l'auteur de l'essai, sait nous prendre par la main et nous expliquer pourquoi, depuis un jour de 1987, alors qu'il était étudiant à Leningrad, il s'est arrêté dans le métro pour lire un article consacré à l'écrivain Tchicaya U Tam'si, ainsi qu'un poème de celui-ci. Et comment encore, depuis, il n'a plus cessé de lire sa poésie. Tchicaya U Tam'si, le viol de la lune - Vie et oeuvre d'un maudit réhabilite un poète, dramaturge et romancier congolais méconnu, qui occupa pourtant le terrain littéraire en son temps (1931 - 1988), ainsi que les rayonnages des librairies, et l'esprit des critiques et chercheurs en littérature francophone... et qui rencontra un public.
Boniface Mongo-Mboussa raconte Tchicaya, de Brazzaville à Paris, de l'école primaire où il était un cancre aux cercles parisiens où il fut reconnu au point de disputer (ou supputer avoir) le prix Nobel à son confrère de plume et finalement lauréat Wole Soyinka. Il faut oser raconter une telle époque et l'écrire parce que l'on aime des textes et en comprend la valeur, alors que leur auteur ne dit plus rien à personne ou presque, y compris dans son pays d'origine. Boniface Mongo-Mboussa a osé, brillamment, et les éditions Vents d'ailleurs l'ont suivi, ainsi que Gallimard, où les oeuvres complètes d'U Tam'si se trouvent rééditées. Un essai brillant, qui a la finesse de rendre ses lecteurs plus intelligents. Alleluia ! Il est encore des personnes qui osent écrire et publier des textes comme celui-là.
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